Histoire et origine du Labrador
Les origines de cette race aux multiples facettes sont, malgré de nombreuses recherches, encore controversées. Nous savons avec certitude que la race originelle provient de la côte Est du Canada, de Terre-Neuve et plus précisément de l’île de Saint Johns, d’où le nom de « chien de Saint-Jean » en français.
Les premières descriptions du chien de Saint-Jean remontent au début du XIXe siècle. Il est décrit comme un chien compact de taille moyenne doté d’un épais pelage imperméable, généralement noir, qui le protégeait des eaux glacées ; un nageur habile et un travailleur infatigable qui jouait un rôle important sur les bateaux de pêche.
Ces chiens auraient été employés pour récupérer les poissons qui s’étaient échappés des filets, retrouver des objets tombés à la mer ou sauver des membres d’équipage dans l’eau.
On raconte que ces chiens fantastiques étaient utilisés par les pêcheurs, même sur des distances considérables, pour échanger des messages d’un bateau à l’autre, et que les jours de brouillard, ils aboyaient pour alerter les autres bateaux afin d’éviter les collisions. Le travail continu en contact étroit avec les humains et les autres chiens exigeait de ces animaux un caractère doux, respectueux et obéissant, mais en même temps brillant et vif, ainsi qu’une aptitude innée au rapport et une véritable passion pour l’eau. Ce sont les caractéristiques distinctives que l’on retrouve encore chez le Labrador d’aujourd’hui.
Il semble qu’au début des années 1800, les bateaux anglais qui revenaient de Terre-Neuve au port de Poole dans le Dorset ont apporté avec eux le chien de Saint-Jean. Il ne fallut pas longtemps aux Anglais pour remarquer les grandes qualités de ces chiens, forts, actifs, robustes, infatigables, excellents nageurs et rapporteurs fantastiques et bientôt l’aristocratie commença à s’y intéresser. C’est le 2e comte de Malmesbury qui a introduit ce chien particulier dans son élevage. Ce comte et son successeur, le 3e comte de Malmesbury, ont basé leur élevage exclusivement sur le chien de Saint-Jean et, heureusement pour les historiens de la race, ils ont conservé leurs registres d’élevage depuis le début de leur sélection. Ces précurseurs du futur Labrador ont continué à importer le chien de Saint-Jean jusqu’à la mort du troisième comte de Malmesbury en 1889.
En 1880, le duc de Buccleuch était à la chasse sur la propriété du comte de Malmesbury et lorsqu’il observa ses chiens, il fut fasciné par leur façon de travailler, surtout dans l’eau. C’étaient des chiens qui montraient une grande capacité à rapporter le gibier (d’où le mot retriever en anglais qui signifie rapporteur), forts, faciles à dresser et avec un grand désir de plaire et d’obéir, des caractéristiques qui sont encore des éléments typiques du caractère du Labrador aujourd’hui. Le comte de Malmesbury lui fit cadeau de trois chiens de son élevage et une collaboration fructueuse commença alors entre les deux hommes.
À la fin du XIXe siècle, le comte de Malmesbury écrivit au duc de Buccleuch : « J’ai toujours appelé mes chiens des Labradors. La race est reconnaissable à son pelage épais et serré qui repousse l’eau comme de l’huile et à son épaisse queue de loutre. » En effet, ces chiens sont décrits comme « des chiens de petite taille, compacts et très actifs, au pelage court, épais et lisse, avec quelques nuances de brun à certaines saisons. Leurs yeux, pour la plupart d’entre eux, sont d’une couleur proche de celle du sucre brûlé. Leur tête est grande et large, leur crâne est bien sculpté et leur museau n’est pas excessivement long. Leurs expressions sont lumineuses et indiquent leur douceur et leur grand courage ». Tous les propriétaires actuels de Labrador confirmeront que ces caractéristiques sont toujours bien présentes chez leur animal.
L’établissement d’une bonne lignée en Grande-Bretagne s’est avérée essentielle car, à partir de 1885, les importations de chiens en Angleterre en provenance de Terre-Neuve ont été réduites au point que le commerce a cessé. Cependant, l’avenir du Labrador en Grande-Bretagne était assuré grâce au dévouement des comtes de Malmesbury et des ducs de Buccleuch, ainsi que de leurs familles et amis. La réputation du Labrador Retriever commençait déjà à dépasser celle de son cousin, le Black Wavy Coated Retriever ou Retriever noir à poil ondulé (ancêtre du Flat-Coated Retriever ou Retriever à poil plat actuel).
En 1880, le Kennel Club a établi un système d’enregistrement universel pour les différentes races. Les premiers Retrievers à apparaître dans ce « livre des origines » du Kennel Club anglais étaient répertoriés tous ensemble sans aucune distinction entre les races, mais sous une section générique appelée simplement Retriever. Paradoxalement, il était donc possible d’enregistrer les chiots d’une même portée à moitié comme Flat-Coated Retrievers et à moitié comme Labradors. Ce n’est qu’en 1903 que le Labrador Retriever est devenu suffisamment populaire pour être reconnu par le Kennel Club anglais. Les documents de l’époque montrent que, de 281 animaux enregistrés en 1912, on est passé à 970 environ 10 ans plus tard.
Le pic a été atteint en 2010 avec près de 45 000 chiens enregistrés !